Il y a pire que le bruit des bottes, il y a le silence des pantoufles

David Noël 

Professeur d'histoire-géo et docteur en histoire, 

président LDH Hénin-Carvin, militant PCF et CGT
 
 
J'ai combattu l'extrême droite depuis que je milite. 
 
Conseiller municipal d'opposition à Hénin-Beaumont pendant six ans, de 2014 jusqu'en 2020, j'ai vu comment ces gens agissaient.
 
Désormais à la tête de la LDH locale et départementale, je continue de les combattre avec d'autant plus d'énergie qu'à la faveur des crises politiques que traverse notre pays, les idées nationalistes et xénophobes se sont répandues, ont essaimé dans la jeunesse et dans la société.
Ces idées, il faut les combattre et ne jamais rien laisser passer.
 
Les villes d'extrême droite sont un condensé de ce que la nature humaine peut faire de pire. Les élus d'extrême droite y distillent de la haine en barre.
Ces gens sont parfaitement racistes. Leur islamophobie, leurs attaques contre le voile que Jordan Bardella annonce vouloir interdire partout, c'est en fait le vieux racisme colonial du XIXe siècle habillé de prudences sémantiques, mais ces gens-là sont profondément racistes, je n'ai pas le moindre doute à ce sujet.
Leur racisme divise la société, alimente les haines et le repli, fait appel à ce qu'il y a de pire dans la nature humaine.
 
Les procédés rhétoriques qu'ils emploient sont les mêmes, aujourd'hui qu'il y a un siècle. 
L'islamo-gauchisme qu'ils fustigent renvoie au judéo-bolchevisme, mais à la fin, ce sont toujours les mêmes procédés rhétoriques et la même recherche du bouc émissaire.
J'ai pu constater, dans mon ancienne ville, l'abaissement du débat politique, les attaques contre la presse, contre les élus d'opposition, contre les syndicalistes, les pressions, les intimidations et les procès qui visent à faire taire toute critique.
 
Et alors que leurs méthodes, que leur haine devraient amener les habitants à se révolter, c'est la lâcheté et la servilité qui règnent trop souvent.
Brecht disait qu'il y a pire que le bruit des bottes, il y a le silence des pantoufles...
 
J'ai pu constater qu'à Hénin-Beaumont, le silence des pantoufles a de beaux jours devant lui.
Le silence des pantoufles a de beaux jours devant lui quand les opposants sont lynchés publiquement en conseil municipal ou dans les colonnes du magazine de propagande municipale et que trop peu de monde, dans le tissu associatif local s'en indigne.
 
Il n'y a pas que les associations les plus engagées qui devraient dénoncer les méthodes inacceptables employées par le RN contre Marine Tondelier, contre Eugène Binaisse ou contre moi ; il n'y a pas que les politiques qui auraient dû dénoncer l'expulsion de la LDH ou l'adoption d'une charte anti-migrants,
il n'y a pas que les citoyens les plus engagés qui devraient dénoncer les procédures-baillons dont nous avons été l'objet, qui devraient dénoncer leur volonté de démolir L'Escapade, leurs attaques ignobles sur la vie privée qui ont récemment visé le président de la CAHC ou les commentaires abominables des supporters RN sur les réseaux sociaux de la ville d'Hénin-Beaumont.
 
Tout le monde devrait être vent debout. Tout le monde devrait se révolter : les anciens élus qui siègent au "conseil des sages", les associations de quartier, les associations de personnes âgées, les associations sportives, les associations de commerçants, tout le monde devrait hurler contre leurs procès, leurs intimidations, leurs droits de réponse à répétition, contre leurs idées racistes, contre la manière dont l'extrême droite a abaissé le débat politique à Hénin-Beaumont et partout où ils sévissent.
 
Je pense profondément que les gens qui ne se révoltent pas, ceux qui les invitent à leurs marchés aux puces, à leurs remises de coupes, à leurs assemblées générales, à leurs banquets ou qui se rendent à leurs côtés à l'Assemblée nationale et qui n'ont jamais eu le moindre mot de soutien pour nous sont leurs complices et portent une part de responsabilité dans l'abaissement du débat politique local.
 
Qu'on ne s'y méprenne pas : je n'ai jamais critiqué celles et ceux qui entretiennent des relations "diplomatiques" distantes avec la municipalité, parce qu'ils dépendent des subventions municipales. Mais il y a un fossé entre entretenir des "relations diplomatiques" et se montrer servile...
Il y a pire que le bruit des bottes, il y a le silence des pantoufles disait Brecht.
Je pense qu'il faut à la fois combattre le bruit des bottes et dénoncer le silence des pantoufles.
Et ils pourront écrire toutes les motions de lynchage contre moi au conseil municipal, me traiter d'extrémiste sectaire antirépublicain dans les colonnes du magazine municipal ou dans leurs motions, ils ne feront que prouver leur haine et leur imposture.
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