Le communisme municipal : La mairie de La Courneuve lance une expérimentation pour aider les familles monoparentales à sortir de la pauvreté
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« Nous sommes partis du constat que les familles monoparentales, soit une famille sur quatre, sont les plus exposées . Or, nous refusons la précarité de façon perpétuelle, de laisser les gens enfermés dans une spirale de pauvreté. »
Les parents seuls de la commune de La Courneuve (PCF) en Seine-Saint-Denis, pourront bénéficier d’un nouveau coup de pouce. En partenariat avec la CAF, la municipalité va expérimenter pendant deux ans un nouveau programme d'aide.
Aider les familles à recouvrer leurs droits
« Nous sommes partis du constat que les familles monoparentales, soit une famille sur quatre, sont les plus exposées, explique Gilles Poux, maire communiste de La Courneuve. Or, nous refusons la précarité de façon perpétuelle, de laisser les gens enfermés dans une spirale de pauvreté. » Une pauvreté qui frappe majoritairement les femmes, lesquelles représentent près de 95 % des familles monoparentales de la commune selon l’élu, et qui sont ainsi deux fois plus touchées par le chômage et les emplois à temps partiel.
Le PACTES doit proposer un accompagnement social global renforcé qui s’appuie sur trois axes. Tout d’abord, aider ces familles à recouvrer tous leurs droits. « Entre 25 et 30 % des familles monoparentales ne demandent pas l’intégralité des aides auxquelles elles ont droit. Soit parce qu’elles ne sont pas au courant, soit parce qu’elles n’osent pas. Nous devons y remédier », commente Gilles Poux.
La CAF et la mairie de La Courneuve s’engagent à réaliser un examen approfondi de ces familles pour connaître au mieux leur situation et leurs attentes pour les aider à « retrouver une situation de vie normale avec un logement, s’assurer de conserver la garde de leurs enfants, et aider à trouver un emploi, ou une formation » précise le maire.
Un « palier de subsistance » à 1.318 euros par mois
«42% des 47 000 habitants de La Courneuve vivent en dessous du seuil de pauvreté, soit trois fois plus que la moyenne nationale», a rappelé le premier édile dans les colonnes des Echos.
«C'est ce qui nous a poussés, il y a quatre ans, à imaginer un tel dispositif d'aide. Bien sûr, nos finances ne nous permettent pas d'aider l'ensemble de cette population. Nous avons étudié plusieurs solutions et finalement choisi de le destiner dans un premier temps aux plus vulnérables selon nous, à savoir les familles monoparentales dont le parent a moins de 25 ans», a-t-il poursuivi. Cette aide ne sera pas directement versée aux bénéficiaires via une allocation, mais sera distribuée sous la forme de bons d'achat, de chèques alimentaires ou encore d’une prise en charge des frais de cantine.
200 euros par mois en moyenne
«Si nous leur avions donné cette aide en numéraire, cela aurait été considéré comme un revenu pour les critères de la CAF, et [elles] auraient donc paradoxalement pu perdre certaines aides», explique à nos confrères Gilles Poux. Ce dispositif, nommé PACTES pour Programme d'Accompagnement Courneuvien à la Transformation et aux Emancipations Sociales, devrait ainsi permettre à ces parents solos de dépasser le seuil de pauvreté, qui est fixé à 1 318 euros par mois pour un parent seul avec un enfant. Selon la municipalité, avec ce dispositif, les bénéficiaires, qui seront identifiés par la CAF, recevront en moyenne 200 euros par mois.
Outre ce coup de pouce financier, ces familles monoparentales pourront bénéficier d’un accompagnement personnalisé. Un travailleur social aura en effet pour mission de les aider dans leurs démarches et de les mener vers une reprise d'études ou d'emploi. A La Courneuve, une cinquantaine de familles serait concernée par ce dispositif, dont le coût a été estimé à 240 000 euros. Ce dispositif sera lancé à La Courneuve en mars prochain et fera l’objet d’une évaluation par des universitaires pour savoir si sa généralisation au niveau national pourrait être envisagée.