La belle mobilisation sociale des 3 et 5 décembre : "Le mépris, ça suffit"
-
"la première étape des convergences des colères et des mécontentements", ont annoncé les syndicats à l'arrivée du cortège place de Jaude. "Il y aura une suite, ont-ils promis, quel que soit le gouvernement que nous aurons au-dessus de la tête demain."
En France :
Des dizaines de rassemblements étaient prévus à l’appel d’une intersyndicale large, mardi et jeudi.
Mardi 3 décembre : les retraités...Une mobilisation pour « une juste revalorisation des pensions pour tous. »
Jeudi 5 décembre : la fonction publique...plus de 200 000 manifestants en France...Une «journée d’action, de rassemblements, de manifestations et de grève» organisée pour faire barrage au 1,2 milliard d’euros d’économies prévues dans l’administration par le gouvernement pour le budget 2025.
A Clermont-Ferrand :
Mardi 3 décembre : plus de 300 retraités
"Le mépris, ça suffit"
Jeudi 5 décembre : Plus de 4000 !(selon la CGT)
Isabelle Vachias
publié le 05 décembre 2024
"Le mépris, ça suffit" : plus de 3.000 fonctionnaires dans la rue à Clermont-Ferrand pour lancer un signal au futur gouvernement
Plus de 3.000 agents de la fonction publique ont manifesté, jeudi matin, à Clermont-Ferrand, contre les mesures d'économie prévues dans le budget 2025. Un signal envoyé au futur gouvernement.
La chute du gouvernement, mercredi soir, n'a pas entamé leur détermination. Les agents du service public en sont convaincus, "les économies qu'il fallait faire, le prochain gouvernement cherchera à les refaire, donc cette grève est nécessaire, malgré tout".
Ce jeudi matin, ils étaient au moins 3.000 - 4.000 selon les syndicats - dans le cortège qui s'est élancé de la place du 1er-Mai. Du jamais-vu, de mémoire de syndicaliste, "pour une manifestation 100 % fonction publique".
Sous les banderoles et les drapeaux, des bataillons d'enseignants. Opposés, comme tous les manifestants, aux mesures prévues dans le budget que l'Assemblée nationale vient de rejeter : "les trois jours de carence, la baisse de l'indemnisation des arrêts maladie et le gel du point d'indice". Mais surtout fatigués par des années de suppressions de postes et par la dégradation de leurs conditions de travail.
"C'est important d'être là pour lancer des signaux au futur gouvernement, quel qu'il soit", lançait un professeur de collège de Cournon. "Dans ce budget, on nous promettait 2.000 AESH, mais on est très loin du compte. Pour le choc des savoirs aussi, il y a encore une carte à jouer. S'il doit être prolongé, on est très inquiets pour certaines disciplines, comme l'allemand ou le latin."
C'est aussi au prochain gouvernement que s'adressent ces pompiers professionnels :
"Il faut lui rappeler que les fonctionnaires sont là pour la société. Certes, il y a des problèmes de budget, mais on voit le service public se dégrader, surtout celui qui est en contact avec le public. Les pompiers sont de plus en plus sollicités, on a de plus en plus de missions, celles que les autres ne peuvent plus faire. Le résultat, c'est qu'on n'a plus un service public de qualité."
Dans les rangs, les retraités marchent à côté des agents des finances publiques, ceux de la métropole avec des aides-soignantes du CHU, qui sont là aussi "contre les nouveaux cycles de travail imposés par la direction". Aucun d'eux n'imagine que la censure va éclaircir l'horizon des fonctionnaires. "Ceux qui vont arriver derrière vont avoir les mêmes objectifs, vous ne pensez pas ?", interrogent les éducatrices d'un institut médico-social clermontois.
"Ce n'est pas parce que le gouvernement est tombé qu'un autre ne va pas revenir avec les mêmes idées derrière, ça ne change rien."
un agent de l'administration pénitentiaire
De la queue de la manifestation arrivent des cris joyeux. Les étudiants de l'UCA sont venus en nombre, solidaires de leurs enseignants et inquiets pour l'avenir de leur université, confrontée au désengagement de l'Etat. "On nous a annoncé que les frais d'inscription risquaient d'augmenter à la rentrée 2025 si l'université est en déficit, mais c'est juste pas possible", souffle Chloé, en Master 1 d'histoire contemporaine. "Ça va devenir comme aux Etats-Unis, où l'université est hyper élitiste. Si je dois payer 1.000 € pour m'inscrire, je ne ferai pas ma deuxième année."
Cette journée de jeudi est "la première étape des convergences des colères et des mécontentements", ont annoncé les syndicats à l'arrivée du cortège place de Jaude. "Il y aura une suite, ont-ils promis, quel que soit le gouvernement que nous aurons au-dessus de la tête demain."
Isabelle Vachias